Le tendon d’Achille : de la tendinite à la rupture
Le tendon d’Achille est le plus puissant tendon du corps, il peut porter jusqu’à 350 kilogrammes sans rupture. En effet, il se trouve à l’union de trois chefs musculaires puissants qui forment le muscle triceps sural, principal muscle du mollet.
Le triceps sural est sans cesse sollicité car il intervient dans la station debout, la marche, la course et surtout les sauts. Il l’est davantage lors de certains sports, notamment l’athlétisme, le basket, le tennis…
Malheureusement, les capacités élastiques du tendon diminuent avec l’âge ou la surutilisation. De plus, étant moins bien vascularisé que le corps musculaire, il s’expose plus facilement à l’apparition de pathologies telles que la tendinite voire la rupture totale.
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Description anatomique du muscle Triceps sural
A son origine, le muscle est divisé en trois chefs : le gastrocnémien latéral (ancien jumeau externe), le gastrocnémien médial (ancien jumeau interne) et le soléaire.
Les gastrocnémiens prennent leur origine sur les faces latérales et postéro-supérieures des condyles du fémur.
Le soléaire, plus profond, a une origine assez large à la partie postérieure du squelette jambier (tibia et fibula, ancien péroné).
Chaque chef musculaire descend verticalement vers le bas pour se rejoindre au-dessus du talon afin de former le tendon d’Achille. Les muscles gastrocnémiens, superficiels, forment le galbe du mollet.
La terminaison du triceps sural se fait par l’intermédiaire du tendon d’Achille sur la partie basse de la face postérieure du calcanéum (os du talon).
Son rôle est d’assurer l’extension de cheville, c’est-à-dire, se mettre sur la pointe des pieds quand on est debout. C’est le muscle préférentiel lors des sauts (propulsion et réception).
Les gastrocnémiens ont un rôle secondaire grâce à leur insertion sur le fémur, ils sont aussi fléchisseurs du genou.
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La tendinite d’Achille
C’est l’inflammation du tendon. Elle est souvent le résultat d’une surutilisation ou d’une mauvaise utilisation du muscle triceps sural.
Comment reconnaître une tendinite d’Achille :
- Douleur à l’arrière du talon lors de la pratique sportive
- Douleur au même endroit au lever (le matin)
- Épaississement du tendon ou grosseur au niveau du talon
- Les trois signes de la tendinite :
- Douleur à la palpation du tendon
- Douleur à la contraction contrariée (demander une contraction du muscle en empêchant le mouvement, par exemple se mettre sur une jambe sur la pointe des pieds)
- Douleur à l’étirement du muscle (pointe de pied redressée)
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Le traitement de la tendinite :
- Repos sportif jusqu’à 4 semaines
- Pendant ce repos relatif, il est possible de :
- Pratiquer la natation car ce sport sollicite moins le tendon
- Mettre des talonnettes dans les chaussures d’environ 2 centimètres d’épaisseur (à porter des 2 cotés pour ne pas créer de déséquilibre)
- Pendant ce repos relatif, il est possible de :
- Cryothérapie : appliquer une poche de glace sur le tendon pendant 10 à 20 minutes, 2 à 3 fois par jour jusqu’à guérison complète (Attention : toujours mettre un linge entre la peau et la glace pour éviter les brulures liées au froid)
- Massages : masser de manière appuyée le muscle et le tendon
- Conseils sur la pratique sportive (voir en fin d’article)
Dans certains cas de tendinite rebelle, il faudra immobiliser le pied en légère extension (pour mettre le tendon au repos) pendant 3-4 semaines voire effectuer un « peignage du tendon » au bloc opératoire. Ensuite, il est nécessaire de mettre en place une rééducation en masso-kinésithérapie.
Si le sportif ne suit pas le traitement et ne modifie pas son activité sportive, il s’expose à une récidive de la tendinite voire une rupture du tendon.
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La rupture du tendon d’Achille
Elle survient souvent vers 35-40 ans, plus facilement chez les hommes qui reprennent une activité sportive inhabituelle.
Au démarrage de la course à pied, à la réception ou au départ d’un saut, le tendon subit une contraction contre résistance violente (poids du corps) qui est nocive pour les fibres et peut provoquer une rupture.
Comment reconnaître une rupture du tendon d’Achille :
- Le sportif ressent une douleur violente et brutale, décrite comme un « coup de poignard »
- Il entend en général un craquement
- Dans les heures qui suivent, on observe l’apparition d’un hématome et d’un œdème
- Les 3 signes cliniques majeurs qui orientent vers un tendon rompu sont :
- Sensation de « trou » et écart des deux fragments du tendon
- Signe de Brunet : allongé sur le ventre, les pieds en dehors de table, normalement la cheville reste en légère extension par tension naturelle du Triceps. Ce test montre que le tendon est rompu quand la cheville est à 90°.
- Signe de Thompson (calf squeeze test) : allongé sur le ventre, genou fléchi, lors de la pression du mollet, le pied doit se mettre en extension. Si le pied ne bouge pas malgré la pression sur le muscle, le tendon est rompu.
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Le traitement de la rupture du tendon d’Achille :
Il existe deux types de traitement dans le cas d’une rupture, le traitement orthopédique qui se traduit par une immobilisation simple par botte plâtrée pendant 3 mois ou le traitement chirurgical qui comporte une opération suivie d’une immobilisation pendant 1 mois ½. Dans les deux cas, suite à l’immobilisation, il faut porter des talonnettes en silicone que l’on diminue progressivement pendant 3 semaines. Une rééducation en masso-kinésithérapie est également mise en place.
Le traitement orthopédique est moins invasif mais n’autorise la reprise du sport qu’après 6 mois et il comporte un risque important de récidive de rupture dans les 2 mois après l’ablation du plâtre.
Le traitement chirurgical permet une reprise du sport plus rapide (3 mois) mais le sportif risque une limitation articulaire de la cheville à cause d’une rétraction du tendon.
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Conseils pour la reprise du sport et éviter l’apparition d’une nouvelle tendinite
La pratique sportive :
- Insister sur l’échauffement
- Assouplissement du tendon : tous les jours, à pratiquer comme un stretching quotidien (voir "Étirement des mollets" dans "Étirements et exercices musculaires" dans "Conseils")
- Respecter une progression dans la reprise : natation -> vélo elliptique -> rameur -> course à pied -> sauts (commencer par une petite hauteur qui sera augmentée par la suite)
- Observer et, si besoin, modifier la technique de course et de saut
- Eviter le surmenage du tendon : s’écouter, arrêter ou modifier la pratique sportive à l’apparition des douleurs, toujours respecter une progression dans l’entrainement
- Utiliser la cryothérapie : appliquer systématiquement une poche de glace pendant 10 à 20 minutes après une séance de sport
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Massages :
Se masser de façon appuyée le tendon et le mollet plusieurs fois par jour
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Hygiène alimentaire et hydratation :
- Tester l'arrêt des laitages pendant 1 à 3 mois (le temps de cicatrisation) :
- Le lactose peut induire une inflammation du tube digestif s’il est mal digéré, cela provoque une augmentation du pH sanguin donc une agression probable du tendon
- Laitages = beurres, yaourt, lait, fromage
- Favoriser les laits végétaux (soja, amande, avoine, riz) et les huiles végétales (huile de coco, huile d’olive, tournesol, colza, noix – ne pas cuire colza et noix)
- Hydratation : minimum 1,5 litres d’eau par jour, augmenter la quantité en cas de climat chaud et de pratique sportive. Cela permet de limiter la production d’acide urique liée à la pratique sportive.
- Protéines :
- Eviter les protéines animales acidifiantes : viandes grasses, blanc d’œuf, fromage fermenté
- Favoriser les protéines plus digestes : viandes blanches, poissons
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Etre vigilant concernant le matériel :
- Porter des chaussures de bonne qualité voire demander la confection de semelles orthopédiques par le podologue
- Eviter les sols trop durs
- Etre prudent en cas de changement de matériel
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